Biya déploie son arsenal de guerre
Les habitants de la ville ont d’abord cru à un comeback de l’armée française à Ngaoundéré. Car la dernière fois qu’ils ont vu une armada semblables c’était sous le feu de la crise centrafricaine. Les soldats de l’opération Sangaris étaient alors à la manette. Sauf que dans la nuit du 25 au 26 mai dernier autour de 20h, l’arsenal de guerre portait les couleurs de l’armée camerounaise. Le long cortège constitué de semi-remorques portant des chars, des blindés et autres avions de guerre (chasseurs bombardiers) s’est même offert une petite démonstration dans les artères de Ngaoundéré. Histoire de consommer du carburant à la soute du Centre d’instruction des forces armées nationale (Cifan) de Ngaoundéré. En regardant de près ces blindés, les curieux ont dû apercevoir des militaires camerounais et des indications affichant le nom des villes frontalières (avec le Nigeria) telle que Makari, Banyo, Darak, Waza ou Fotokol. «Lorsqu’on voit cela, ça ne nous fait pas peur du tout. Le contraire nous aurait inquiétés. On va faire la guerre à Boko Haram et tous les terroristes qui veulent nous déstabiliser », a laissé entendre Ardo, un commerçant qui a vu passer l’armement de guerre.
Ce sentiment de revanche semble se généraliser à Ngaoundéré comme à travers le septentrion. Hier encore, les commentaires et supputations tendaient à consacrer «la guerre sans merci» du Cameroun contre la secte islamique Boko Haram. Les autorités administratives de l’Adamaoua approchés n’ont pas souhaité faire de commentaire. Une autre jointe au téléphone a indiqué (sous anonymat) que «l’actualité s’y prête». Sans pour autant s’étendre sur la question. Une chose est certaine, la démonstration de force fait l’unanimité au plan local. Même qu’elle est vue d’un très bon œil.
Stratégie de contre-attaque
Le déploiement militaire en cours dans la partie septentrionale relève de l’inédit. C’est la preuve, s’il en est encore besoin, que le chef de l’Etat est passé de sa déclaration de guerre à l’acte. L’actualité de ces derniers jours marquée par le sommet de Paris pour la sécurité au Nigeria et la visite stratégique d’Idriss Déby Itno. Officiellement, si l’on en croit le communiqué conjoint relatif à cette visite du chef de l’Etat tchadien, « [Biya et Déby] ont convenu de rendre plus effective la mutualisation de leurs efforts et prescrit une concertation plus dense entre leurs forces armées, le long de la frontière afin de lutter efficacement contre les activités du groupe Boko Haram». Officieusement, le Tchad s’est engagé à mettre une nouvelle stratégie plus draconienne contre la secte islamique dont la tourmente transcende les frontières.