Boko Haram met en garde le Cameroun

Dans une correspondance rédigée en Haoussa, le chef de la secte islamiste Boko Haram met en garde les autorités camerounaises sur leur implication aux côtés du Nigéria.

Dans sa sortie épistolaire, l’Imam Abu Muhammad Ibn Muhammad Abubakar dit ouvertement que Boko Haram n’a pas de problème avec le Cameroun ; et à cet effet, les autorités camerounaises ne devraient pas se mêler de cette offensive qui les oppose au gouvernement nigérian. Ils n’ont jamais eu de problèmes avec le Cameroun et il ne faudrait pas que le Cameroun s’ingère dans une affaire qui ne le regarde pas. Au cas contraire, ils sont prêts (les Boko Haram. Ndlr) a engagé une guerre contre le Cameroun et tous ceux qui à travers le monde entier tenteront de s’opposer à eux. C’est ce qui apparaît clairement dans la lettre rédigée en Haoussa et dont nous avons eu copie. Dans cette missive, le leader l’Imam Abu Muhammad Ibn Muhammad Abubakar relève les représailles que pourrait générer l’alignement du Cameroun derrière le Nigéria dans la chasse aux islamistes, Boko Haram.

La lettre intervient au lendemain des affrontements sanglants ayant opposé environ 400 intégristes Boko Haram à l’armée nigériane avec des dégâts collatéraux à Limani, une ville camerounaise qui a essuyé des tirs d’obus, de grenades et des bombardements dans la journée du 15 janvier dernier. L’armée nigériane avait poursuivi les Boko Haram en terre camerounaise, plus précisément au quartier Djakana.

En effet, le gouvernement nigérian multiplie des offensives contre le Boko Haram chassant progressivement les islamistes des grandes métropoles. Des offensives qui étendent leurs tentacules dans des cités camerounaises proches de la frontière avec le Nigéria comme c’était le cas de Limani. Une attaque aérienne des éléments des forces armées nigérianes contre des adeptes de la secte islamiste avait été lancée dans cette localité afin d’en découdre avec ces terroristes, considérés aujourd’hui comme les ennemis jurés du gouvernement nigérian. Des tirs sans somation avaient été observés dans tous les sens dans cette ville camerounaise qui a vécu pendant longtemps des bombardements et le survol des avions nigérians.

Face à cette situation, les forces de l’ordre camerounaises ne sont pas restées indifférentes. Limani a connu une forte mobilisation des éléments du 32e bataillon d’infanterie motorisé de Mora, les éléments du Bir, la police et la gendarmerie. Ce déploiement de l’armée camerounaise aurait déplu au leader de la secte Boko Haram qui met en garde le Cameroun à travers la présente lettre. Des sources proches de cette secte indiquent que le leader de cette secte serait en colère contre le gouvernement camerounais qui les traque à tort ou à raison, et les met en prison. Ces mêmes sources ajoutent que c’est la résultante des récentes prises d’otages libérés en contrepartie de la libération de leurs membres accompagnés d’une rançon.

Pendant que les Boko Haram accusent le Cameroun d’aider leur gouvernement dans leur traque, le gouvernement Nigérian de son côté pointe un doigt accusateur sur le Cameroun d’être laxiste. Le Nigéria indexe le Cameroun de ne pas le soutenir dans ce combat. Il va même loin soutenant que le Cameroun hébergerait les Boko Haram. Les autorités nigérianes accusent le gouvernement camerounais de laisser libre accès aux Boko Haram qui disposeraient – à en croire certaines sources – des bases dans certaines villes camerounaises, frontalières au Nigéria. Les responsables nigérians se plaignent aussi que les forces de sécurité camerounaises ne font pas assez pour arrêter les insurgés qui utilisent le Cameroun comme un refuge en vue de lancer des attaques au Nigéria.

Jonathan Goodluk quémande le soutien de Paul Biya

Le président Nigérian, Jonathan Goodluck serait arrivé discrètement au Cameroun le lundi 27 janvier, d’après des sources proches du consulat du Nigéria au Cameroun. Le président nigérian a rencontré son homologue camerounais Paul Biya. Mais si rien n’a filtré de leur entretien qui s’est déroulé loin de la presse, tout laisse croire que le N° 1 du Nigéria veut le droit de poursuite des terroristes au Cameroun. Le président de la République Fédérale du Nigéria qui serait arrivé à Yaoundé au lendemain du drame de Limani veut obtenir de son homologue le droit de poursuites des Boko Haram en terre camerounaise.

Le Messager, dans son édition du 27 janvier 2014, rappelle que cet accord auquel s’accroche le président nigérian est un vieux projet que le Cameroun n’a toujours pas voulu concéder. Des sources bien introduites révèlent que le président nigérian aurait fait ce déplacement dans le but de plaider une fois de plus pour que le droit de poursuite en terre camerounaise de groupes armés qui endeuillent de nombreuses familles du Nigéria soit matérialisé. Ces mêmes sources ajoutent que le président serait venu à Etoudi pour obtenir un accord autorisant à l’armée nigériane de franchir les limites de la frontière du Cameroun au cas où les Boko Haram fuiraient vers le Cameroun.

Goodluck Jonathan aurait-il obtenu ce fameux droit ? La question reste encore sans réponse dans la mesure où les discussions se sont déroulées à huis clos au palais de l’unité. Compte tenu de la totale discrétion qui doit entourer cet accord auquel le président nigérian attache autant d’importance, personne ne peut encore affirmer que le président nigérian a obtenu ce qu’il voulait. Les négociations sont restées jusqu’ici confidentielles.