Désagréments : Des quartiers de Yaoundé dans le noir
La ville subit des coupures intempestives d’électricité depuis plusieurs jours, ce qui entraine des dégâts matériels et engendre la montée de l’insécurité.
Dimanche 1er juin, le Cameroun joue contre l’Allemagne. Le troisième match préparatoire des Lions pour le mondial 2014 est très couru. Les passionnés de football convergent vers les snack-bars et autres établissements bondés pour l’occasion. Au malheur de plusieurs fans de football, impossible de voir le match à certains endroits. Pour cause: il n y a pas de courant. Au quartier Omnisports par exemple, la situation est ainsi depuis l8h, l’heure désormais fatidique. De Texaco à Mobil Omnisports, en passant par une partie de l’Avenue Foé, tout est éclairé et scintillant. Tandis que le reste du quartier n’a pas d’électricité. C’est à cette heure que depuis près d’une semaine les habitants d’une partie du quartier sont plongés dans le noir. Des coupures de courant qui se matérialisent de diverses manières, selon les secteurs.
A Manguier, ce mercredi 4 juin, on en est à 4 jours sans électricité. Dans les bars, les boissons sont presque chaudes, les poissonneries et autres commerces sont envahis par les mouches. Dans la même lignée, le quartier Damas se réveille sans lumière. L’électricité qui a été coupée la veille en début de journée n’est toujours pas revenue. Un schéma devenu classique dans la zone. Ici, les batteries de portables sont à plat, on charge son téléphone ailleurs.
Elig-essono, pas de longues coupures, tout est pareil qu’avant. Des coupures çà et là, espacées de quelques minutes ou longues d’une ou deux heures.
Lorsqu’elles interviennent en journée, on ouvre ses portes pour ne pas mourir de chaleur, dans la nuit, les bougies et lampes rechargeables prennent le relais.
Comme au village
Habitués aux coupures intempestives de ces derniers temps, les Yaoundéens sont contraints de trouver d’autres moyens pour pouvoir s’éclairer à la tombée de la nuit. Les boutiquiers refont ainsi leurs stocks de bougies. Il est devenu normal de se rendre par exemple dans une pharmacie, comme celle d’Elig-Edzoa, mardi dernier, et qu’il n’y ait pour seul éclairage une bougie. «On fait avec les moyens de bord au risque de provoquer un incendie», nous dit une vendeuse en pharmacie. Certains retournent vers les moyens anciens, la lampe-tempête. C’est le cas de Thérèse Ondoua, septuagénaire, qui recharge sa lampe au pétrole chaque Matin afin d’être parée une fois les coupures orchestrées. Pour les plus modernes, les lampes rechargeables brillent dans les salons et aident â lire, écrire, et éclairer les habitants de la maison. Les plus nantis font tourner leurs gros groupes électrogènes dont le bruit assourdit les passants.
Des agressions
Le manque d’électricité occasionne tout de même de nombreuses pertes pour la population. Entre commerçants et personnes lambda, chacun essaye tant bien que mal de faire le moins de réserve possible. Eric, habitant au quartier Manguier estime avoir perdu une bonne partie de sa nourriture. De retour d’un voyage à l’Ouest, l’étudiant a découvert avec regret son réfrigérateur infesté d’asticots et autres bestioles qui dévoraient ses réserves de nourriture. Mme Biloa, sa voisine, a choisi de faire ses courses au jour le jour dorénavant pour ne pas subir le même sort. Quant à Kevin, élève en classe de terminale, en pleine composition du baccalauréat, il révise ses matières du lendemain au sortir des épreuves au lycée d’Elig-Essono. «Je préfère faire mes dernières lectures en sortant de la salle d’examen, parce que je suis sûr de ne pas trouver le courant à la maison quand je vais rentrer», explique le garçon de 16 ans, résidant au quartier Eleveur.
Ce manque d’électricité engendre plus que tout autre chose l’insécurité dans certains quartiers. Lundi 02 juin, une femme, une étrangère, s’est faite agresser au lieu-dit «derrière le stade», au quartier Omnisports. La dame, qui a emprunté un taxi pour cette destination, s’est faite dépouiller de son sac à main et brutaliser alors qu’il était à peine 20h. Bilan: portables, titre de séjour, passeport, chéquier et quelques effets personnels emportés. La zone auparavant sure, est désormais redoutée de tous. Bendskin, taxis et piétons ne s’y aventurent plus à tout hasard.
Au regard des évènements de ces deux dernières semaines, il est devenu commun que la moitié de la ville soit obscure. Une situation qui révolte les uns et autres. «On croyait qu’avec l’arrivée des Anglais, les choses allaient changer. Mais, visiblement c’est même pire», se plaint Eric, call-boxeur.
Questions techniques?
Une note d’informations publiée hier par Aes Sonel indique qu’«un défaut localisé au poste transformateur de Ngousso depuis samedi 31 mai a occasionné des interruptions d’alimentation en électricité dans certains quartiers alimentés à partir de ce poste.» A en croire Aes Sonel, les travaux de réparation se sont achevés hier. « Les quartiers affectés sont réalimentés normalement depuis lors », promet-on chez l’opérateur d’électricité.