JEUNES CAMEROUNAIS PIEGES DANS L’ETAU DE LA MIGRATION IRREGULIERE

Si la question de la migration clandestine n’est pas un fait nouveau sous le soleil, la situation qui prévaut actuellement au Maroc ne devrait pas être sous-estimée ; au contraire, les dirigeants Camerounais (comme de tous les pays subsahariens) doivent de toute urgence prendre leurs responsabilités si nous voulons éviter une catastrophe sociale et humanitaire.

En effet, avec la politique du retour et de la légalité des accords de réadmission conclus ou sur le point d’êtreconclus entre le Royaume du Maroc et l’Union Européenne, les migrants clandestins vont se retrouver désormais dans un étau effroyable : après les affres du désert et les vicissitudes du statut de clandestin au Maroc, même s’ils réussissent à entrer en Europe, ils seront reconduit simplement sur le sol marocain. Et si au Maroc ils ne sont pas en règle, ils n’auront pas de possibilité de s’insérer dans le tissu sociale et vu la tournée ouest africaine du Roi Mohammed VI, il n’est impossible que le Maroc soit en train de négocier des politiques d’exportation de migrants et… retour à la case départ.

 

Il est donc plus qu’urgent de trouver des solutions prospectives pour limiter le phénomène du départ clandestin des jeunes Camerounais. Car, au final, après avoir écouté les témoignages des plus de 150 jeunes camerounais qui dorment à la laide étoile en face de la gare routière de Rabat depuis un mois qu’ils ont échoué leur « frappe » (passage en force), nous nous rendons compte que les raisons qui les poussent à fuir leur pays sont surtout liés à la situation sociale précaire : absence de vision sur l’avenir, pauvreté des familles, endettement en vue de partir, fascination de Mbeng (Europe), etc… Des problèmes que seul le Cameroun (gouvernement et société civile) peut résoudre dès la base pour empêcher d’autres camerounais de laisser de telle idée germer dans leur esprit.

Le Maroc n’est pas un pays qui rejette les étrangers, au contraire. La coopération marocaine en matière de formation supérieure est en pleine essor vers l’Afrique subsaharienne et le Maroc compte actuellement environs 10 000 étudiants subsahariens du public et du privé. A cela, il faut ajouter les opérateurs économiques et les professionnels de services de nationalité camerounaise qui exercent au Maroc. Il ne faut donc pas voir en pays une sorte de tortionnaire volontaire des migrants, il est lui-même victime de l’efficacité du frontex et doit désormais développer des solutions face à la pression des migrations clandestines.

En effet, le Maroc est aujourd’hui un pays stratégique à plusieurs titres : de par sa position de carrefour entre trois "continents" (Afrique, Europe, Monde arabe) et de par son dynamisme économique qui le classe 2ème économie africaine en 2013, 1ère puissance économique et politique du Maghreb et 4ème puissance de tout le monde arabe. Si nous ajoutons à cela la situation précaire des pays subsahariens en matière de stabilité (notamment en RCA, en RDC, au Mali et en Côte-d’Ivoire) ou en matière de manque d’opportunités socio-économiques comme au Cameroun, on peut comprendre alors l’attrait que le Royaume Chérifien exerce sur la jeunesse subsaharienne en général, camerounaise en particulier, qui voit dans ce pays un moyen « facile » pour atteindre l’Europe de leurs rêves et de leurs utopies.

Avec la poussée de plus en plus grandissante des migrants clandestins en transit au Maroc (40 000 en 2014), on assiste à une fréquence quasiment hebdomadaire à des tentatives de passages en force dans les enclaves de Ceuta et de Melilla qui appartiennent au territoire espagnol et donc à l’union européenne. Mais, si quelques de dizaines de migrants arrivent à franchir les frontières, ce sont des milliers qui échouent et qui se retrouvent soit morts (2500 morts entre 1993 et 2012), soit battus, torturés et handicapés (plus de 15000).

De son côté, le Mouvement "Cameroun Février 2008" réuni les jeunes camerounais en situation irrégulière au Maroc au sein du "Collectif Maroc 237" dont l’objectif unique est de récupérer les jeunes camerounais qui désir abandonner l’idée de « frapper » et qui sont mus par l’envie de reconstruire une nouvelles vie. Depuis plus de deux mois, nous en avons recensé une soixantaine et nous suivons particulièrement deux qui ont pu trouver un logement et qui tente de suivre une procédure pour avoir des papiers en règles pour pouvoir au moins travailler. Cinq autres camerounais nous ont formulé leur désir de rentrer au Cameroun et leur dossier sont déjà déposé auprès de l’OIM Rabat qui offre à chaque candidat au départ volontaire un billet d’avion retour et un financement de 500 dollars pour un projet à réaliser au pays.

Mais, le Mouvement "Cameroun Février 2008" est très démunis face aux besoins de ces jeunes compatriotes. Ils ont besoin d’un suivi psychologique pour ne plus retomber dans le désir de traverser vers l’Europe ; ils ont besoin d’être rassurer qu’ils ne sont pas des parias de notre société ; ils ont besoin de formation humaine, citoyenne et professionnelle, de courtes formations professionnelles qui leur permettent d’être rapidement autonome ; ils sont besoin d’être accompagné dans leur nouvelle vie… mais pour cela, il faudrait que toute la diaspora camerounaise et les autorités camerounaise appui notre action sur plan humain, institutionnelle et matérielle.