Le gouvernement avait été mis en garde sur la 3G

Le gouvernement avait été mis en garde sur la 3G
En Juin 2012, l’Association GSM, qui regroupe les entreprises de télécoms de 218 pays dans le monde, avait attiré l’attention du Chef de l’Etat sur le processus d’attribution de la 3G.

Les atermoiements de Viettel, adjudicataire exclusif de la 3G jusqu’en Décembre 2014, pour le lancement de ses activités créent un malaise dans le secteur des télécommunications au Cameroun, accusé de prendre un sérieux retard dans ce domaine. Pourtant l’Association GSM avait attiré l’attention d’Etoudi sur le processus de désignation du concessionnaire de la 3G large bande. 
Dans la correspondance adressée au secrétaire général de la présidence de la république en juin 2012, TOM Philips, le Chief Regulator officer de GSM, écrivait : « L’appel international à manifestation d’intérêt pour une troisième licence mobile publié le 28 Mai 2012 par le Ministère des Postes et télécommunications a soulevé quelques préoccupations. Ces préoccupations sont dues au fait que les operateurs existants (Orange et MTN) sont exclus du processus d’obtention d’un nouveau spectre de fréquences pour les services mobiles 3G à large bande. »

En effet, lesdeux operateurs en poste depuis 1999 avaient été empêchés de concourir par le gouvernement, bien qu’ils aient manifesté à maintes reprises leurs intentions de développer la 3G. une mauvaise décision, si l’on en croit cette association mondiale : « Le AGSM est convaincu que pour tirer tous les bénéfices des services mobiles à large bande, en termes de croissance économique, de diversification et de création d’emplois au Cameroun, les operateurs mobiles existants ne devraient pas être exclus du processus d’acquisition d’une licence 3G », indiquait cette association. 

Les réserves de l’association GSM sont assises sur un argumentaire présenté dans la correspondance adressée au Secrétaire général de la Présidence de la république, Ferdinand Ngoh Ngoh. Selon elle, « un nouvel entrant sur le marché devra consacrer un important investissement financier pour construire un réseau d’accès radio, un réseau de base, un système de gestion du service client et un système pour le soutien des opérations. Un tel retard pourrait s’avérer couteux pour les Camerounais, le gouvernement et l’économie. Cependant, les operateurs déjà sur le terrain seraient capables de déployer rapidement les services mobiles offerts par la 3G. Tout simplement en mettant à jour leurs infrastructures commerciales et techniques existantes ». 

Pour terminer, l’Association GSM « a exhorté le Ministre des Postes et Télécommunications a reconsidérer les conditions d’éligibilité à une licence 3G afin d’encourager de nouveaux à solliciter le marché camerounais tout en promouvant un environnement stable et inclusif pour les operateurs déjà présents afin de faciliter leurs futures investissements. » 

Six mois après, c'est-à-dire en décembre 2012, la troisième licence de téléphonie mobile a été octroyée par le gouvernement à Viettel, assortie d’une exclusivité d’exploitation de la 3G pour une période de deux ans. Preuve que le gouvernement n’a tenu aucun compte des conseils de l’Association GSM, une association qui représente 850 operateurs de téléphonie mobile à travers 218 pays du monde. Les prédictions de l’AGSM n’ont pas tardé à se réaliser. Prévu pour lancer ses activités en décembre 2013, Viettel a repoussé l’échéance à mars, puis en Septembre 2014. Malgré tout, un certain scepticisme accompagne désormais les premiers pas de cette entreprise vietnamo-camerounaise. Les dissensions entre partenaires ne permettent pas une préparation harmonieuse au démarrage des activités.

Ne voulant perdre le bénéfice de l’exclusivité de deux ans sur la 3G qui doit se terminer en Décembre 2014, Viettel a sollicité de la présidence de la république un aménagement du calendrier de son monopole sur la 3G, qu’l souhaite voir commencer à partir du lancement de ses activités. Le Ministre des postes et télécommunications n’est pas opposé à une telle perspective, estimant qu’il est juste que Viettel ait sa chance de deployer la 3G sans concurrent. Seulement, MTN et Orange ont déjà indiqué leur ferme opposition à un traitement de faveur vis-à-vis de Viettel sur l’exploitation de la 3G. Ayant peu goûté d’avoir été écartées de l’appel d’offres, ces deux sociétés comptent les jours qui les séparent de Décembre 2014. Les consommateurs aussi.