Ebola: l'épidémie est désormais "hors de contrôle"
Médecins sans frontières craint que l'épidémie du virus Ebola qui touche l'Afrique de l'Ouest ne se propage à d'autres pays. Les équipes soignantes payent un lourd tribut à la maladie avec la mort d'un responsable médical en Sierra Leone.
"Cette épidémie (NDLR: du virus Ebola) est sans précédent, absolument pas sous contrôle". Le directeur des opérations de l'organisation Médecins sans frontières, Bart Janssens, ne cache pas son inquiétude dans un entretien publié mercredi par la Libre Belgique.
"Cette épidémie est sans précédent, absolument pas sous contrôle et la situation ne fait qu'empirer, puisqu'elle s'étend encore, surtout au Liberia et en Sierra Leone, avec des foyers très importants", continue le responsable.
"Nous sommes extrêmement inquiets de la tournure que prend la situation en particulier dans ces deux pays où il y a un manque très important de visibilité de l'épidémie", souligne encore Bart Janssens. "Si la situation ne s'améliore pas assez rapidement, il y a un réel risque de voir de nouveaux pays touchés. (...) Il manque une vision d'ensemble pour comprendre où se situent les principaux problèmes", déplore-t-il encore.
"C'est à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et aux gouvernements à déployer et à organiser davantage de moyens pour amener les efforts et la capacité au niveau requis pour commencer un début de contrôle de cette épidémie", conclut-il.
A ce propos, l'Union européenne offre, apprend-on mercredi, deux millions supplémentaires d'aide pour lutter contre l'épidémie. Cela porte l'aide totale prodiguée par la Commission européenne à 3,9 millions.
- Des morts et malades parmi les médecins
Ceux qui soignent les malades atteint payent aussi un lourd tribut à la maladie.
• Le responsable du centre de traitement en Sierra Leone est mort. Le docteur Omar Kahn, chef de la lutte contre la fièvre Ebola à Kenema dans l'est du pays, une des régions les plus affectées du pays, avait été admis la semaine dernière dans un centre de traitement anti-Ebola géré par Médecins sans frontières (MSF) situé dans une autre ville de l'est de la Sierra Leone, Kailahun, après avoir été testé positif au virus Ebola.
• Le médecin américain contaminé "ne va pas bien". Kent Brantly serait selon un ami "faible et vraiment malade". "Il en est encore aux premiers stades de la maladie et chaque jour est difficile", a raconté David Mcray, un médecin de Fort Worth, au Texas (sud), ami proche de Kent Brantly avec qui il parle tous les jours au téléphone.
On ne sait pas comment Kent Brantly a été infecté par la maladie. Il travaille pour Samaritan's Purse, une association caritative chrétienne et soignait des malades d'Ebola depuis le mois de juin. Sa femme et ses enfants étaient avec lui au Liberia mais ils sont rentrés aux Etats-Unis avant l'annonce de sa contamination. Ils vont être suivis de près pendant au moins 21 jours, la période maximale d'incubation du virus.
• Un médecin canadien placé en quarantaine. Le docteur Azaria Marthyman, revenu samedi du Liberia, observe actuellement une période de confinement à son domicile de Victoria, sur l'île de Vancouver, bien qu'il n'ait pas été testé positif à cette fièvre hémorragique.
- Le trafic aérien et le foot perturbés
La semaine dernière, le Nigeria a annoncé le premier cas d'Ebola sur son sol, transmis par un Libérien ayant voyagé par avion de Monrovia à Lagos, via Lomé (au Togo) et qui est décédé le 25 juillet dernier. De fait, l'épidémie s'étend à de nombreux pays limitrophes d'Afrique de l'Ouest, qui prennent des mesures pour tenter d'empêcher sa propagation.
• La compagnie aérienne panafricaine Asky a annoncé l'interruption de ses liaisons avec le Liberia et de la Sierra Leone, suite au décès du Libérien, un de ses passagers. Selon la porte-parole d'Asky, Afoussath Traoré, la décision a été prise mardi avec effet immédiat, pour une durée non précisée.
• La Fédération libérienne de football (LFA, Liberia football association), pour freiner la propagation de la fièvre hémorragique, a ordonné mardi "avec effet immédiat, la suspension de toutes les activités de football et des activités connexes à travers le pays", selon son président, Musa Bility.
- 672 cas mortels selon un dernier bilan de l'OMS
L'épidémie, en cours depuis le début de l'année, s'est déclarée d'abord en Guinée avant d'affecter le Liberia puis la Sierra Leone, deux pays voisins qui, au 23 juillet, totalisaient 1.201 cas dont 672 mortels, selon le dernier bilan de l'OMS.
Le virus Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d'animaux infectés. La fièvre hémorragique qu'il provoque se manifeste par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées. Son taux de mortalité peut aller de 25 à 90% chez l'homme et il n'y a pas de vaccin homologué contre elle.