APRÈS LES ATTENTATS-SUICIDES DE MAROUA

CAMEROUN: APRÈS LES ATTENTATS-SUICIDES DE MAROUA DU 25 JUILLET 2015, LES FAMILLES ENDEUILLÉES RESTENT POUR LA PLUPART DANS LA PRÉCARITÉ

CAMEROUN: APRÈS LES ATTENTATS-SUICIDES DE MAROUA DU 25 JUILLET 2015, LES FAMILLES ENDEUILLÉES RESTENT POUR LA PLUPART DANS LA PRÉCARITÉ

​Tristesse, consternation, recueillement et précarité. Telles sont les impressions qui se dégagent au contact des familles ayant perdu certains de leurs membres dans l’attentat kamikaze perpétré au quartier Pont Vert à Maroua le 25 juillet dernier. Dans son édition de ce jeudi 30 juillet 2015, le journal L’Œil du Sahelest allé à la rencontre des proches du défunt Amadou Siddi, qui à 31 ans était père de deux enfants. Il avait dit à ses enfants : « Je sors vous acheter des oranges ».

Le journal relate, avec le témoignage d’Haman Siddi le frère aîné du défunt : « Ses enfants attendaient donc impatiemment  son retour. Il avait déjà acheté les oranges. C’est au moment où il prenait le chemin de retour que l’explosion a déclenché ». Enterré au lendemain de son décès selon la tradition musulmane, Amadou Siddi laisse un vide dans tous les sens du terme.

Son frère poursuit : « Nous recevons beaucoup de gens qui viennent nous présenter leurs condoléances. Mais nous n’avons pas d’argent pour leur offrir à manger à l’heure du repas. Au septième jour de sa mort, on devrait normalement organiser les funérailles. Mais au regard de la situation de notre famille, je vois que cet événement va vraiment peser sur nous ».

À 50m de là, poursuit le journal, la famille du défunt boulanger Zeba Ndjidda porte le deuil elle aussi. Son épouse Céline Isabo raconte comment il s’est dirigé vers le quartier Pont Vert : « Il s’y est rendu précipitamment pour acheter des comprimés et voulait vite retourner chez lui se reposer, après avoir passé une nuit et une journée au travail. Il devait reprendre le service le lendemain à 5h ».

La veuve ajoute : « Dans notre quartier, s’il n’y a pas à boire et à manger au lieu du deuil, il n’y aura pas beaucoup de gens ».

C’est dans cette atmosphère que la famille, quasiment abandonnée à elle-même, gère son deuil, précise le journal

Chez les deux frères Djibrilla Ngouloumna, vigile, et Makisia, vendeur d’oranges, « c’est un tsunami » selon les termes du reporter sur place.

Au quartier Pitoaré, les membres de la famille de Fedama Kelevene, le nommé « Fami » est mort avec son épouse Djebba Timedé. Sa femme l’avait rejoint à son lieu de service avec de la nourriture. « Avant de manger, raconte Fandaï Zaïgaï le frère du défunt, ils ont décidé d’aller au Pont Vert prendre un jus en attendant l’heure de travail. C’est comme ça que l’explosion les a surpris ». Dans son cas, c’est la délégation régionale de la Santé publique où il était en service qui « a offert deux cercueils, un sac de riz, des litres d’huile de cuisine et autres ingrédients en guise d’aide pour l’organisation du deuil », rapporte le journal.