Mamy Wata : une chute, un site touristique et une histoire
Mamy Wata
Mamy Wata : une chute, un site touristique et une histoire
Le nom de cette chute de 82 mètres d’hauteur viendrait du miracle vécu par un couple italien. Après s’être baigné dans cette eau.
La région de l’Ouest Cameroun est considérée comme le grenier du pays. Au regard de sa production agricole. Cet aspect agricole n’est pas le seul ingrédient faisant naître autant d’admiration chez le visiteur camerounais ou étranger. Quand ce dernier arrive dans le pays des « Grassfields », il est séduit par son climat tempéré, ses plantations luxuriantes et son vert pâturage à perte de vue. Il en est de même d’immenses vallées dominées par des chaînes de montagne. Derrière lesquelles se cachent le plus souvent de splendides cascades (souvent touristiques) à découvrir. C’est le cas de la cascade baptisée la « chute de Mamy Wata » sis dans le village Fongo Tongo à 24 kilomètres de la ville de Dschang. Un nom qui inspire la crainte. Mais rien à voir avec les histoires de sorcellerie. Au contraire, cette chute touristique n’attire pas encore autant de visiteurs souhaités. « Nous enregistrons au moins cinq visiteurs (tous européens) par semaine. Quand nous sommes en période de saison sèche. En saison pluvieuse comme maintenant, le nombre peut baisser jusqu’à zéro visiteur. Vous comprenez donc que le site ne génère pas d’argent », explique Jean Claude Atchafack, gardien de ce site touristique abandonné par les pouvoirs publics.
Jeudi 18 mars 2010. La zone où coulent les eaux de la chute Mamy Wata dans le village Fongo Tongo dans le département de la Menoua est désert. C’est jour de grand marché ici. Les populations s’y sont pour soit vendre soit acheter des produits nécessaires. Après une brève échange de présentation avec Jean Claude Atchafack, place à la découverte du site. D’abord une petite case avec deux chambres (dites du père et de la mère) construite en terre battue. Dans ces deux salles, on peut apercevoir au sol, de l’huile de palme, des jujubes, de sel de cuisine, des pièces de monnaie et des bonbons. Selon Jean Claude Atchafack, les pièces de monnaie et les bonbons sont des dons déposés à volonté par des visiteurs. « On exige rien à personne. Chacun jette dans l’une ou dans les deux salles ce qu’il veut. Et par la suite, convier aux ancêtres (en silence) un problème qu’on souhaiterait qu’il soit résolu », affirme-t-il. Certains membres de l’Aptour n’ont pas hésité de se plier à ce dogme traditionnel. Ensuite, la délégation peut enfin découvrir la chute de Mamy Wata. Il s’élève à 82 mètres d’hauteur. Au pied de la chute, la profondeur est de 32 mètres. Le lit du fleuve est scindé en deux. C’est le lit mâle et femelle. « Il ne manque plus que le fils pour que la famille soit complète », dit en riant Louis Roy Soffeu, le cameraman du groupe.
En compagnie du gardien du site et de notre guide touristique, nous décidons d’aller jusqu’au pied de la chute. Pour cela, il faut parcourir plus de trois kilomètres à pied. Et surtout, traverser la forêt sacrée. « Aujourd’hui est de marché à Fongo Tongo ; synonyme de huitième jour de la semaine. Si on arrivait ici en matinée, il serait impossible de traverser la forêt sacrée. Car, c’est en ce moment que les autorités traditionnelles du village font leur réunion secrète ici. Puisque nous sommes en après, il n’y a aucun problème », informe Augustin Roger Momokana, notre guide touristique. Au pied de la chute, c’est une vapeur d’eau glaciale qui vous accueille. Malgré le relief accidenté, on peut s’amuser à faire des photos, se laver visage, les pieds et dissiper ce mystère tout autour de ce site.
Cela fait 27 ans aujourd’hui. Un couple de touristes italiens est arrivé dans le département de la Menoua pour visiter quelques sites. Il a appris l’existence de la « chute Apouh » et des merveilles qu’elle procure. Arrivé dans cette contrée de Fongo Tongo, le couple demande au chef dudit village s’il peut visiter le site. La demande est accordée. Ce qu’il y a de particulier dans l’affaire est que la femme n’avait pas conçu après plus de huit années de mariage. Pour l’aider à résoudre ce problème, la dame a subir quelque rite et s’est vue baignée dans cette eau par les autorités traditionnelles du village.
Trois mois après leur retour en Italie, le mari appelle le chef du village pour lui informer que sa femme est enceinte. Neuf mois plus tard, la femme enfante des jumèles. « Quand ils sont revenus ici avec les enfants, ils ont demandé de très bien protéger de site plein de mystère. C’est ainsi qu’ils l’ont appelé la chute de Mamy Wata. Les jumèles sont déjà revenues ici à trois reprises pour revisiter leur histoire », conclut Jean Claude Atchafack.
La chute de Mamy Wata est à visiter non seulement pour sa beauté. Mais aussi pour les miracles qui se réalisent ici. Après ce couple italien et bien d’autres, à qui le tour ?
Haut